Quand l’image devient prison...
Vendredi dernier - le 17 novembre - je suis allé à Montpellier, en toute fin d’après-midi, afin d’y rencontrer mon collègue et ami Georges Frêche à l’Hôtel de Région. Connaissant trop bien la façon dont parfois l’on peut déformer les dires des uns et/ou des autres, j’ai voulu entendre par moi-même les explications du Président de notre Région.
Certes les médias, puis la Vox Populi, ont rapporté, à une vitesse défiant celle du TGV lui-même, les propos que vous savez, mais j’ai appris que PERSONNE n’avait le « sonore » de ce qui a été soit-disant prononcé par G. Frêche ce jeudi 16 novembre lors de la séance du Conseil d’Agglomération de Montpellier. Mieux encore : une partie des conseillers d’agglomération (maires et adjoints) de Droite présents lors de ce Conseil ont affirmé ne pas avoir entendu les dits propos de la façon dont ils ont été rapportés... Curieux tout de même, non ?
Je connais Georges Frêche depuis longtemps et je sais ce qu’il est capable de lancer à la cantonade. Sa façon de parler ne ressemble à aucune autre et il est vrai qu’il peut parfois se laisser aller à des discours « bruts de décoffrage ». Comme on dit de façon populaire : « il n’a pas la langue dans sa poche » ! Il est ainsi, il l’a toujours été et ce n’est pas aujourd’hui que quiconque pourra le changer.
Je sais aussi que c’est un homme intelligent, fait de réelles convictions de gauche et, ma foi, il n’a RIEN à prouver de plus dans ce sens. Il n’y a qu’à regarder avec objectivité tout ce qui a été réalisé, sous son impulsion pour la ville de Montpellier et, depuis presque trois ans, pour la Région Languedoc-Roussillon. Mais je vois aussi que son comportement parfois emporté a créé une image qui lui colle à la peau, une image d’homme pouvant dénoter au regard des conventions de bienséance. À partir de là, tout ce qu’il peut dire de politiquement incorrect peut être rapidement interprété selon cette image et non selon la réalité du contexte dans lequel ses mots ont été prononcés.
Il m’est déjà arrivé d’être en désaccord avec certains de ses propos et je ne m’en suis jamais caché, ni publiquement, ni en face à face avec lui. Nos rapports sont suffisamment sains et amicaux pour que nous puissions nous dire les choses sans que cela ne porte gravement à conséquences. Mais là, dans le cas présent, je crois qu’une fois encore, cette image d’homme à part a pris le pas sur la réalité de ce qu’il a réellement dit ce jour-là. C’est dommage, mais je ne saurais douter que chacun parvienne à faire la part des choses et à ne pas imposer à notre Président de Région ce qu’il n’aimerait pas qu’on lui fasse à lui-même : un procès d’intention. Je réitère évidemment ce qui a été déclaré dans le communiqué de presse des membres du groupe socialiste de la Région de samedi dernier : « l’ensemble des élus socialistes du Conseil Régional dénoncent avec la plus grande fermeté cette instrumentalisation. »
Et au regard de ce papier d’ambiance, voici mon communiqué :
« Ce vendredi 17 novembre, j’ai rencontré Georges Frêche pour évoquer directement avec lui la polémique née autour des propos prétendument racistes qu’il aurait tenus devant des élus de l’Agglomération de Montpellier. Il m’a répété ce qu’il avait dit et le contexte dans lequel ces paroles avaient été prononcées.
Je connais suffisamment Georges Frêche pour savoir qu’il est incapable de toute forme de racisme. S’il avait tenu les propos qu’on lui prête, je les condamnerais sans réserve. Mais ce n’est pas le cas. Je note par ailleurs qu’il bénéficie du soutien de tous les maires de l’Agglomération présents à cette séance, de gauche comme de droite. Il me semble donc que le Président de l’Agglomération, Président de la Région Languedoc-Roussillon est victime d’un emballement médiatico-médiatique.
Dans le passé, il a tenu des propos qui ont pu choquer. Depuis, nombreux sont ceux qui sont tout à fait disposés à l’épier et à réenclencher la polémique à la moindre occasion. Pour ma part, je considère qu’il n’y a pas lieu de participer à cet emballement. Même la droite montpelliéraine, alors qu’elle était présente, ne trouve rien à reprocher à Georges Frêche et n’a pas réagi à ses propos. Preuve supplémentaire qu’il n’y a rien de condamnable ! »
Voici encore d’autres réactions de divers élus, tout bords politiques confondus :
Lattes (Cyril Meunier, sans étiquette, Vice-Président de l’Agglomération de Montpellier) : « J’étais en face de lui. Il a dit l’inverse de ce qu’on lui reproche. Il a parlé des difficultés à avoir des réponses aux appels d’offres en disant que seuls ceux qui ont faim bossent. Après, il est passé du coq à l’âne en allant sur le sport et ceux qui s’en servent comme moyen de promotion sociale. Il a dit qu’il y a plus de Noirs dans l’équipe que la proportion de Noirs en France parce que les « Blacks » ont faim. Que seuls ceux qui ont faim mouillent le maillot. Je le soutiens parce que je sais qu’il n’est pas raciste et que je ne peux pas laisser dire que je n’ai pas réagi à des propos qui auraient été racistes. Frêche a de la gueule, il parle trop mais ses actes parlent pour lui. »
Castelnau-le-Lez (Jean-Pierre Grand, UMP) : « J’ai dénoncé ses propos quand je les ai découverts dans la presse car je n’étais pas présent. Je me suis entre-temps entretenu avec les élus castelnauviens qui y étaient. Ils n’ont pas ressenti les propos de Georges Frêche comme étant racistes. J’ai confiance en eux. L’expression de Frêche est très maladroite. Mais il y a aussi un emballement médiatique contraire à la sérénité de la démocratie. »
Baillargues (Jean-Luc Meissonnier, UMP) : « Ses propos ont été sortis de leur contexte, il n’y avait aucun racisme. C’est pour ça que personne n’a réagi. Ca me fait sourire quand je vois les Verts et le PC monter au créneau deux jours après, après avoir été contraints de le faire par leurs appareils parisiens. On va dire que les élections approchent. Les plus virulents sont des caciques nationaux du PS qui ont envie de se débarrasser de lui. Si on devait reprocher quelque chose à Frêche, c’est d’avoir fait du racisme anti-blanc. »
Saint-Génies-des-Mourgues (Yvon Pellet, sans étiquette, vice-président de l’Agglomération de Montpellier) : « Frêche n’avait aucune intention raciste. Au contraire. Il a dit qu’il y a des gens qui se battent, les Blacks et d’autres non. Les bobos sont ravis de lui taper dessus mais que font-ils pour eux, pour les Noirs et les Arabes des cités ? Rien. Frêche, lui, agit. Je le soutiens à 20%. Mon village a beaucoup gagné grâce à l’Agglo et sans prendre un centime de fiscalité supplémentaire. On a eu un paquet d’équipements supplémentaires. Je retiens tout d’abord ce que l’Agglo rapporte à ma commune et je préfère juger les hommes sur leurs actes plutôt que sur ce qu’ils disent. Ca choque les bobos ? Les gens du peuple ne le sont pas. »
Castries (Sylvain Pastor, PS, vice-président de l’Agglomération de Montpellier) : « C’est comme souvent, on a ressorti quelques mots du contexte dans lequel ils ont été prononcés. Ca leur fait dire le contraire de ce qui a été réellement dit. Frêche a fait l’éloge du goût de l’effort et a regretté que tout le monde n’ait pas la même rage au ventre pour réussir. C’est tout. Et ça explique que personne ne se soit manifesté quand il a parlé. C’est lié à l’état d’esprit qu’il fait régner à l’Agglo où tout le monde est traité dans le respect des individus. Je le connais depuis longtemps, il n’est pas raciste. »