Depuis quelques années, la politique revêt des formes de show à paillettes. Les Hommes, les situations, leur enchevêtrement semble éloigner du fond politique ou plutôt rendre celui-ci moins immédiatement perceptible. Je ne désespère pas que l’on revienne à des critères de compétence et de sérieux afin de réfléchir aux problèmes véritablement importants comme l’environnement, la question du vieillissement, le pouvoir d’achat, la protection sociale, le logement, la mondialisation, etc.
Concernant plus précisément la situation au sein du Parti Socialiste, il me paraît hors de propos de chercher à trancher en 2008 la question de 2012. Si le PS se fait fort de bâtir un projet solide, cohérent et riche en propositions de société, nul doute que le choix du candidat pour les prochaines présidentielles se fera plus sereinement, presque évidemment.
Je suis, pour ma part, sur la ligne inconditionnelle de construire un programme avant de désigner celle ou celui qui l’incarnera comme 1er secrétaire. Le projet du PS, comme tout grand projet politique, se doit d’être bien plus grand et large que la personne qui se pose en chef de file. Un capitaine d’une équipe de rugby, par exemple, ne peut rien sans les autres joueurs, sans leurs propositions, sans le point de vue particulier à chaque poste et son pouvoir de décision, sa responsabilité et de faire exister chaque individu au sein du groupe. C’est pourquoi je refuse l’idée même d’une « politique people ».
Ceci étant écrit, bien sûr que nous sommes à un carrefour pour la pensée, la politique socialiste, que ce soit en France ou en Europe. Le SPD allemand, en s’alliant avec la droite, a perdu des millions de voix et des centaines de milliers de militants. La gauche italienne, dont on nous expliquait qu’elle était l’exemple à suivre, a laissé la place à Berlusconi, sans parler de la Grande-Bretagne ! Le paradoxe est que la social-démocratie est partout en difficulté alors que, sur le terrain, dans le monde entier, les faits démontrent l’échec de la financiarisation, de la dérégulation et des thèses classiques de la droite. Mais la vie humaine même est pétrie de paradoxes et il est de notre devoir d’élus républicain de gauche que de réfléchir, de proposer, d’agir pour, non pas les gommer, mais faire avancer notre pays le plus sereinement possible et sans sacrifier des pans entiers de la population.
Il faut, bien sûr, moderniser la pensée de gauche, mais ce n’est pas en singeant la droite qu’on va la battre. Nous devons nous déterminer en fonction de nos convictions et, alors, les choses suivront d’elles-mêmes. La France a beaucoup d’atouts. A la gauche, au PS en tout cas, de relever la tête sans forcément passer par des batailles d’ego.