Voici le texte que j'ai lu ce matin aux obsèques de mon collègue et ami Henri Demay...
Mesdames, Messieurs, la mort nous a ravi Henri DEMAY. Au coeur de cet été, ce 20 Aout 2009, il vient de nous quitter pour toujours. Nous faisons nos adieux à celui que nous avons aimé, apprécié. Nous faisons nos adieux à l'ami. Nous faisons nos adieux à toi Henri, toi qui a cessé de vivre, toi qui nous a lâchés.
Mesdames, Messieurs, nous voici tous réunis, très nombreux, une dernière fois, autour de la dépouille d'Henri DEMAY. Celui qui, au-delà de sa famille, a été reconnu par les citoyens de notre démocratie pour occuper d'importantes représentations dans notre république. Maire d'Ille sur Têt, Vice Président de l'Intercommunalité Roussillon Conflent, Conseiller Général du canton de VINCA et Vice Président du Conseil Général des Pyrénées-Orientales. D'ailleurs, ici, aujourd'hui, nos institutions de la république sont fortement représentées en hommage à ce qu'à été l'implication d'Henri DEMAY : Le Conseil municipal d'Ille sur Tet, désormais orphelin de son Maire ; les Maires et élus des communes du canton ; les Maires et élus des communes de l'Intercommunalité Roussillon Conflent ; les Maires et élus municipaux des Pyrénées-Orientales ; l'Association des Maires ; le Conseil Général et tous ses collègues de l'Assemblée ; le Conseil Régional ; les parlementaires et l'Etat, aujourd'hui représenté par Monsieur le Sous-Préfet. Tout le monde est là. Les autorités certes... mais nous tous le peuple !!! Ce peuple, cette population qui comptait énormément pour Henri. Que ce soit celle qui souffre... ou celle qui va un peu mieux.
Pour Henri ce qui primait par dessus tout, c'était la cause publique, le service au public, l'intérêt général.
Mesdames, Messieurs, prendre la parole ici, n'est donc pas chose facile. Prendre la parole en cette circonstance, c'est avant tout m'adresser en votre nom à Emile et Denise. Le papa et la maman d'Henri, Bernadette, son épouse, Christine sa fille et son fils Jean-Louis Marie, Julie, Arthur, ses petits enfants.
Prendre la parole en cette circonstance, c'est donc leur exprimer toute notre émotion collective. Cette émotion qui nous a envahis dès que nous avons appris cette terrible nouvelle, cette triste nouvelle de la mort d'Henri. Aujourd'hui l'expression de la douleur est immense, et nous sommes tous associés à la peine de sa famille. C'est pour cela que nous sommes tous là.
Mesdames, Messieurs, soyons conscients, soyons conscient qu'il y a un temps pour tout dans notre vie !!! Un temps pour naître, un temps pour aller à l'école, apprendre, un temps pour rire, pour pleurer, pour travailler, un temps pour aimer. Des temps qui viennent, qui s'en vont et qui reviennent et ainsi de suite...jusqu'au moment où arrive le temps de mourir. Mais pour Henri, ce temps là est arrivé beaucoup trop tôt et brutalement. Nous sommes sous le choc. Il lui restait tant de choses à accomplir, à partager avec sa famille, à voir grandir ses petits enfants, à poursuivre le renouveau de sa commune, à s'impliquer toujours et encore auprès des sapeurs pompiers – mission qui lui tenait tant à cœur.
Il lui restait à s'investir au quotidien, toujours et encore plus à mes côtés au Conseil Général. Tout comme à l'Intercommunalité Roussillon Conflent, auprès de son Président Robert OLIVE et de ses collègues et amis, Maires du territoire.
Mesdames, Messieurs, Henri a passé sa petite enfance en Capcir, au sein d'une famille très modeste qui lui inculquera les valeurs d'honnêteté, de travail et de courage qui furent siennes tout au long de sa vie. Puis ses parents s'installèrent à ILLE SUR TET où ils ouvrirent un commerce afin de donner à leurs enfants une vie meilleure. C'est ainsi qu'Henri pu faire ses études, passer des concours administratifs et devenir contrôleur du Trésor. Il se marie avec Bernadette et fonde sa famille à ILLE SUR TET.
Au sein de l'administration du Trésor, il s'engage rapidement dans la voie de l'action syndicale et mutualiste, afin de défendre les droits et les intérêts de ses collègues, surtout les plus faibles. Homme de gauche, c'est tout naturellement qu'il rejoint le parti socialiste départemental et se présente aux élections municipales de sa commune, en 1989. Elu d'opposition, il défendra avec vigueur une politique plus ambitieuse pour sa commune ; il devra attendre 2001 pour accéder enfin aux fonctions de premier magistrat. La même année, il s'engage à mes côtés et se présente aux élections cantonales sur le canton de Vinça où il remporte un beau succès. Il rejoint ainsi les rangs de la majorité au sein de l'Assemblée Départementale et se voit confier la commission Environnement, montagne et aménagement du Territoire. Par une stratégie affirmée, il est à mes côtés l'un des porteurs du succès de la lutte contre la THT; Par ailleurs, Les Bouillouses – Le Canigou – Paulilles – sont des sites, qui aujourd'hui portent à jamais son empreinte.
Elu de terrain, son implication est forte, il s'investit à fonds pour ce territoire qu'il connait bien. L'exemple de la communication pour la « Pêche d'Ille » comme soutien aux agriculteurs, était aussi une de ses fiertés.
Henri nous a tout donné de lui !!!
Afin de se consacrer entièrement à ses fonctions électives, il fait le choix d'interrompre sa carrière professionnelle, cinq ans avant l'âge de la retraite. En 2008, il sera réélu Maire d'ILLE SUR TET et Conseiller Général avec une belle marge de progression, ce qui prouve combien son travail a porté ses fruits. Il a su s'imposer comme la personnalité politique incontestable et incontournable du territoire.
En lui confiant la première Vice Présidence du Service Départemental d'Incendie et de secours, en 2001, je savais qu'il serais exactement l'homme de la situation pour m'aider à la modernisation et la sécurisation du service des pompiers. Il fut un relais indispensable et efficace auprès des hommes du feu, - pour sauver des vies – pour sauver des territoires... « Courage et dévouement », cette devise des pompiers le caractérisait si bien.
Lui qui tout jeune, ambitionnait d'être professeur de Sport, était tout naturellement un grand amateur de sports. De football : il a été un brillant Président de la Ligue de Foot. Amateur de XIII, au sein de la cité de Jean GALLIA... Mais aussi infatigable supporter de l'USAP. En fait, un fervent serviteur du monde associatif.
Henri à fait renaître sa commune, dynamisant son activité économique, en portant des projets ambitieux au cœur de la ville, comme cette belle salle La Catalane où nous nous sommes retrouvés tout à l'heure, mais également en pensant aux plus modestes, en créant les jardins familiaux.
Henri, c'était tout cela. Impliqué dans plusieurs domaines. Un passionné de la vie publique et de la vie tout simplement. Il aimait le travail bien fait... jusqu'au bout. Sans quoi, il ne faisait pas. Sans quoi, il ne s'engageait pas. Jusqu'au bout de sa vie, il sera resté impliqué – vigilant – attentif - fier de son engagement pour son territoire. Il y a tout juste six jours, il signait encore des engagements pour la sécurité assurée par les pompiers du Département. Henri était un homme qui savait assumer ses responsabilités.
Tout le monde le sait, mais comment ne pas dire ici, de vive voix, ce que nous apprécions tous de lui : un homme droit – sincère – honnête exprimant une humilité qui le rendait très proche et totalement accessible. Au Conseil Général, il fut un conseiller précieux, réfléchi, fidèle aussi bien dans la défense de ses valeurs et de ses idéaux que dans son amitié indéfectible. Sous sa barbe grisonnante, c'était un homme au grand cœur, toujours attentif aux autres. Tous ses collègues Conseillers Généraux, mais aussi le personnel qu'il côtoyait fréquemment, peuvent en témoigner.
Malheureusement la fatalité de la maladie le surprend alors qu'il est en pleine activité. Il va se battre jusqu'au bout de ses forces, avec un courage peu commun soutenu au quotidien par sa femme Bernadette. Il subira des traitements draconiens, sans se plaindre, - malgré la souffrance - l'espoir pouvait être au bout. Mais après plusieurs mois de rémission, cette cruelle maladie s'acharne et finit par le terrasser jeudi soir à 22h30.
Voilà qui était Henri, un homme courageux, très fidèle, simple, désintéressé, soucieux de tout, soucieux de tous. « Juste quelqu'un de bien » comme dit la chanson.
Henri a été un homme de valeur – exemplaire – fier de ses racines, respecté et respectueux de tous, qui s'est construit dans une totale abnégation.
Comme vous, je garderai en mémoire sa voix chaleureuse, grave et déterminée, à l'accent issu de notre terre. Comme vous, je garderai en mémoire, son authenticité qui agrémentait ses réflexions d'un bon sens agréable. C'est pour tout cela que l'on aimait Henri. C'est pour tout cela qu'on le respectait. C'est pour tout cela qu'on gardera ces souvenirs intacts de lui.
Henri tu es mort. Cette mort c'est désormais de la tranquillité pour toi, c'est de l'indifférence aux passions que tu as tant connues durant ta vie. Cette mort Henri, c'est de la paix pour toi. Pour nous, c'est beaucoup de peine, des regrets et énormément de chagrin. Henri, mon ami ; Henri notre ami, le moment est venu de te dire le plus simplement possible, cette formule en un seul mot, que l'on adresse à quelqu'un que l'on quitte à jamais : Adieu Henri, adieu.