Je
vous livre ici le discours que j'ai prononcé hier soir au Palais des
Rois de Majorque, à l'occasion de la cérémonie des voeux à la
population de notre département.
Mesdames,
Messieurs, mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,
Je
commence mon propos par le plus important : je vous souhaite à
tous une très bonne année 2010 !
Merci
à tous d’être, une fois de plus, si nombreux, plus de 3000, dans
ce lieu magique, pour la traditionnelle cérémonie des vœux à vous
tous. Vous remarquez que nous avons déplacé le lieu de cette
cérémonie populaire de quelques mètres. Et pour cause : la
Cour d’Honneur est en travaux. Nous avons d’ailleurs à cette
occasion fait des découvertes étonnantes liées à l’histoire de
ce lieu, il y a plus de six siècles. Je les dévoilerai à la presse
mardi prochain.
Je
tiens à remercier également tous mes collègues élus, d’être
ici avec moi, sur cette tribune. Ensemble, nous représentons
l’assemblée départementale et ses mille dossiers et projets
votés.
Permettez-moi
de saluer plus particulièrement mon prédécesseur, René Marquès,
présent ce soir à mes côtés, comme pour beaucoup d’événements
importants de la vie de notre département.
En
saluant les présents, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée
pour les absents, ceux qui nous ont quitté cette année, j’entends
par là ceux qui ont quitté la vie… Je pense à Henri Demay,
Jacques Bouille.
La
cérémonie des vœux est une cérémonie traditionnelle, certes.
C’est un moment auquel je tiens particulièrement, un moment que je
privilégie par-dessus tout. Un temps fort d’échanges qui me tient
à coeur. Je prendrai le temps et le plaisir de venir tout à l’heure
vous saluer personnellement.
Cette
année, je ne peux pas m’exprimer aussi librement que je le fais
d’ordinaire avec à vous. Au mois de mars, il y a des élections.
Des élections régionales. Chacun sait que j’y serai impliqué.
Les lois de la République interdisent à un élu de valoriser son
bilan et ses projets à cette occasion. Comme si un mot, une phrase,
avaient le pouvoir de vous faire changer d’avis et de faire changer
votre vote ! Mais je suis un élu de la République respectueux,
je me plie donc à cette règle. Rien ne m'empêche pour autant de
vous parler de l'essentiel. Et s'il y a bien un moment dans l'année
où l'on peut se souhaiter l'essentiel, c'est en cette période de
fêtes. L’essentiel, c'est d’abord la santé. L’essentiel,
c’est aussi le bonheur.
Cela
peut paraître banal de dire parler santé et bonheur. Mais c’est
le moment où jamais. Et c’est beaucoup moins anodin qu’il n’y
paraît… Car j’ai la faiblesse de croire que c’est le rôle
d’un élu de permettre, au quotidien, les conditions de ce bonheur.
En tous cas, de tout faire pour y contribuer.
Comme
s'il y avait des choses plus importantes dans la vie : le travail, la
famille, que sais-je encore. Mais ce ne sont que des composantes de
ce bonheur évoqué. Depuis quelques mois, on nous parle de Bonheur
Intérieur Brut... C’est une idée sur laquelle je fonde mon action
depuis mon accession aux responsabilités. Enfin, nous y sommes !
La richesse d'un pays ne se mesurerait pas seulement au niveau de ses
importations, exportations, etc (c’est le PIB), mais aussi à tout
ce qui contribue à ce que chacun d'entre-nous puisse se sentir
heureux. Vous avez entendu ? Heureux !
Le
sentiment de contrôle de sa vie et de la société dans laquelle on
vit, être rassuré, savoir ce que l'on fait, pourquoi, savoir où
l'on va : est-ce que ça ne contribue pas au bonheur ?
Le
niveau de vie, le pouvoir d'achat: est-ce que ça ne contribue pas au
bonheur ?
La
santé : est-ce que ça ne contribue pas au bonheur ?
Le
cadre de vie: est-ce que ça ne contribue pas au bonheur ?
Les
proches, la famille, les enfants, les amis : est-ce que ça ne
contribue pas au bonheur ?
Le
travail: est-ce que ça ne contribue pas au bonheur ?
Le
bonheur c'est donc un peu de tout ça. Le bonheur, ce sont les six
éléments que je viens de vous citer. Quand je vous disais que de
vous souhaiter le bonheur est beaucoup moins anodin qu'il n'y
paraît... Et je vous le disais également, j'ai la prétention, ou
la faiblesse, ou la naïveté de croire que c'est un peu notre rôle,
à nous, élus, dirigeants politiques, de vous en proposer les
conditions.
Le
problème, si j'observe ce qui se passe dans notre pays, c'est que
j'ai l'impression que l'on ne va pas dans le bon sens...
Premier
domaine dans lequel on ne va pas dans le bon sens : le pouvoir
d'achat... Chacun d'entre vous constate malheureusement chaque jour
que les difficultés à faire face sont de plus en plus grandes... La
crise a bon dos, elle ne suffit à expliquer, seule, toutes ces
difficultés.
Le
Conseil Général a compris. Ses réalisations sont là pour vous
faciliter la vie, tous les jours, dans tous les domaines, à tous les
âges de la vie, dans tout le département. Ai-je besoin de tout
énumérer ? Vous savez de quoi je parle…
La
santé est également considérée comme un élément central du
bonheur. Or combien de Français renoncent à se faire soigner faute
de moyens ? Fragiliser le service public de la santé, obliger les
hôpitaux à adopter une logique marchande réduire leurs budgets et
lancer un plan de vaccination dont le budget est deux fois plus
important que le plan cancer 2009-2014, ça ne permet pas de créer
les conditions du bonheur !
Ici
encore, le Conseil Général a compris que la santé, c’est
important. Ai-je encore besoin d’évoquer les défibrillateurs dans
toutes les communes et les dépistages des cancers pour les plus de
49 ans ?...
Le
cadre de vie est important dans le sentiment que l'on a d'être
heureux. Là, pour l'heure, admettons-le : la nature nous a gâtés !
Les saveurs de la Méditerranée, la force des Pyrénées, cet avant
goût de paradis… Ai-je besoin de vous parler des 4000 km de
sentiers de randonnée balisés, des Bouillouses, du Canigou notre
montagne sacrée, de Paulilles, de la réserve marine...
Ensemble,
chaque jour, nous sommes les ambassadeurs de ces Pyrénées-Orientales.
C’est pour ce territoire que nous avons lutté et remporté la
victoire de la THT. Comme j’en suis fier !
Que
disent les Français quand ils déclarent que la principale
composante de leur bonheur, c'est le sentiment de maîtrise de leur
vie et de la société dans laquelle ils vivent ? Ils disent tout
simplement qu'ils ont besoin de repères. Qu'ils ont besoin d'un cap
aussi. Albert Camus écrivait : "C'est parce que le
monde est malheureux dans son essence que nous devons faire
quelque chose pour le bonheur, c'est parce qu'il est injuste que nous
devons oeuvrer pour la justice, c'est parce qu'il est absurde
que nous devons lui donner ses raisons".
Aujourd’hui,
trop de repères sont brisés : repères identitaires, repères
territoriaux avec cette inquiétante réforme des collectivités
territoriales, repères historiques et culturels.
En
ce moment, la logique, c'est le diviser pour mieux régner. On oppose
tout le monde avec son voisin : Paris avec la province, les élus de
proximité et leurs concitoyens, les communautés entre elles, les
fonctionnaires et les salariés du privé, etc etc. C'est le socle de
notre société qui est attaqué : le « vivre ensemble »
qui fonde la République Française. L’historien, Emmanuel Todd, a
bien résumé en une phrase ce qui se passe aujourd'hui en France :
"Ce que propose Sarkozy, c'est la haine de l'autre".
Est-ce rassurant pour nous, Français ? Je ne le pense pas...
Liberté,
Egalité, Fraternité... J'ajoute Laïcité, Solidarité comme sur le
fronton du bâtiment du Conseil Général. Ces valeurs n'ont pas été
choisies comme fondements de la République par hasard. Ce sont les
principes les plus importants à mes yeux, nous devons sans cesse
nous y référer. Notre devise d’ici, « Nous sommes l'accent
catalan de la République Française », en est l'illustration.
Telle est notre identité. Tel est le sens de notre action. Encore
une fois, ai-je besoin d'entrer dans les détails ? Vous l’avez
constaté, nous avons imprimé notre marque. J'en veux pour preuve
cette petite histoire qui m'est arrivé il y a environ deux mois,
lors d'une visite au collège Jean-Moulin. Je passais dans une classe
de 5e, où j'ai été très poliment salué par les élèves. Leur
professeur de physique-chimie leur a alors demandé : "Savez-vous
qui nous accueillons aujourd'hui ?" Silence, certains roulaient
des yeux... Jusqu'à ce qu'une jeune fille d'origine gitane se lève,
et réponde en catalan : "Oui, nous savons qui c'est : c'est
l'homme des quatre barres" !
Ce
travail que nous menons, c’est un travail de patience. Les années
précédentes, je vous disais « Soyons cool, zen, tranquille ».
Cette année, je vous propose : « Sans hâte mais sans
repos ». Sereinement mais avec détermination, faisons
fructifier chaque jour notre expérience, travaillons à la bonne
marche en avant des Pyrénées-Orientales.
Vous
le savez, comme vous, j’ai de l’ambition pour notre département.
Continuons à la partager. Au printemps prochain, nous en parlerons
ensemble. Nous lancerons une large campagne de concertation publique
et nous mettrons en place un forum de discussion à l’échelle de
tout le département. L’avenir, continuons à le dessiner ensemble.
Ensemble car toutes et tous, à tout âge, nous sommes acteurs de
notre avenir. Continuons à garder notre cap : cette
authenticité qui caractérise notre peuple et cette modernité que
nous savons insuffler. Authenticité et modernité, telles sont les
deux sources de notre énergie.
Mes
derniers mots, je les emprunterais à Horace : " Sur
les flots, les grands chemins, nous poursuivons le bonheur. Mais il
est aussi ici, le bonheur ".
Encore
une très bonne année à tous !