Je vous l'avais annoncé, j'ai donc animé la semaine dernière cinq réunions cantonales sur le thème des initiatives locales et de l'avenir de nos territoires. Que ce soit à Ille, Maury, Saillagouse, Le Boulou ou Pia, ces rendez-vous ont attiré plusieurs centaines de personnes. Des élus (maires, adjoints, conseillers municipaux), des responsables associatifs mais également des acteurs de la vie publique locale. Un public très divers, vous le pouvez le constater, pour des rendez-vous qui ont duré à chaque fois près de deux heures et demie. Un journaliste était présent pour animer les débats et deux juristes confirmés, Philippe Bluteau, avocat à la Cour de Paris, et Dominique Sistach, professeur à l'Université de Perpignan, ont présenté les réformes territoriales et fiscales engagées par le gouvernement.
Quels enseignements tirer de ces réunions ? Qu'il y a bel et bien une inquiétude partagée autour des projets qui se préparent au plus sommet de l'Etat. Après trente ans de décentralisation, voulue par la gauche comme la droite, le pouvoir local est totalement remis en cause et on rajoute à la crise économique et financière une crise institutionnelle. Les maires l'ont évoqué à plusieurs reprises, ils n'auront bientôt plus aucun moyen pour mener à bien les projets pour lesquels ils ont pourtant tous les atouts en main. Le monde associatif s'interroge également et de nombreuses questions ont été posées quant à la pérennité des initiatives qui font le dynamisme et la richesse de nos territoires...
Entouré de mes collègues conseillers généraux, j'ai bien pris note de ce malaise profond et même si je le partage, j'ai expliqué qu'il nous faut serrer les rangs et rester optimiste. Je n'ai pas pour habitude de pleurnicher et ce n'est pas la première fois que nous nous retrouvons face à un mur. A plusieurs reprises, l'exemple a été montré dans les Pyrénées-Orientales que nous savons utiliser nos complémentarités et faire preuve d'innovation. Le contexte est difficile ? Ensemble, nous pouvons trouver les moyens de dépasser tout cela, en misant sur cette solidarité qui est désormais bien implantée dans notre département. Je ne perds pas de vue que le Conseil Général est en première ligne par rapport à la réforme territoriale et que c'est donc le "grand frère", comme nous appellent de nombreux maires, qui risque d'y laisser les plumes. Mais le "grand frère" entend rester combatif et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle ces réunions cantonales étaient importantes, comme des "conseils de famille" justement convoqués par ce "grand frère" qui tire la sonnette d'alarme !
Si je refuse le catastrophisme, j'en appelle néanmoins à une vigilance accrue car il est de notre responsabilité de veiller à ce qu'il pourrait advenir de notre pouvoir local. Ce pouvoir local, c'est l'expression première de la démocratie, c'est également la manifestation de cette proximité qui permet de continuer à donner du sens quand tous les repères deviennent flous et l'avenir de plus en plus incertain...
A l'heure où les coups de rabots se succèdent les uns après les autres, nous devons tous, acteurs locaux, nous serrer les coudes et ne pas baisser la garde. Ces réunions cantonales étaient une première étape, il y en aura d'autres dans les mois à venir car la bataille n'est pas encore jouée...