Depuis une dizaine de jours, les lycéens ont donc fait leur entrée dans le mouvement de contestation contre la réforme des retraites, rejoints depuis peu par les étudiants qui ont mis plus de temps à se mobiliser. Le gouvernement ne pouvait redouter pire scénario et il a bien tenté, aux premiers frémissements dans les lycées, de discréditer la colère qui montait en affirmant que les lycéens sont instrumentalisés. Et par la gauche, car tant qu'à faire, autant taper large... Sauf que cet argument est bien trop facile et surtout fantaisiste. Car soyons un instant sérieux, si la gauche et le PS avaient le pouvoir de faire descendre les jeunes dans la rue, ça se verrait aux élections ! La droite semble avoir compris son erreur car après quelques jours de polémique, la thèse de la manipulation a été reléguée au placard...
Mais passons sur les petites phrases qui ont été lancées ici et là car l'entrée des jeunes sur le devant de la scène doit être analysée de façon plus poussée et on constate que depuis deux jours, de nombreux spécialistes sont interrogés par la presse sur le sujet. Quelle analyse font-ils de la mobilisation des jeunes ? Qu'au-delà d'un élan de solidarité avec les salariés qui s'inquiètent pour leur retraite, les jeunes manifestent un malaise plus profond, conséquence des difficultés d'intégration qu'ils peuvent rencontrer à l'école et sur le marché du travail. Les slogans qu'ils scandent dans les défilés sont d'ailleurs révélateurs et j'en veux pour preuve celui-ci : "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère. De cette société-là, on n'en veut pas". Tout est dit.
Tout est dit mais les problèmes sont loin d'être réglés et le pacte qu'il faudrait renouer avec notre jeunesse est de taille ! Voilà un sujet dont Nicolas Sarkozy et le gouvernement devraient faire une priorité plutôt que de s'interroger sur l'abaissement de la majorité pénale à 14 ans. Les sociologues le notent, les manifestations de ces dernières semaines révèlent qu'après un repli identitaire, les jeunes réintègrent la société. Or, de l'emploi au logement, quelles perspectives leur offre-t-on ? Pas grand-chose de reluisant...
Quand j'avais 17 ans, j'étais moi aussi descendu dans la rue, pour dénoncer la fermeté du ministre de l'Education nationale d'alors, Olivier Guichard, qui tentait d'empêcher la structuration du mouvement lycéen. Pendant plusieurs jours, j'avais moi aussi exprimé ma colère et mes désaccords mais j'étais persuadé que nous pouvions changer les choses. Je ne suis pas sûr que la jeunesse d'aujourd'hui soit aussi optimiste...